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Publié le 14/09/2020

Timothée de Fombelle présente son nouveau roman «Alma, le vent se lève»

Le premier volet éblouissant d'une trilogie d'aventure sur l'esclavage et le combat de l'abolition.

Timothée de Fombelle ©ChloeVollmer_Lo
Timothée de Fombelle ©ChloeVollmer_Lo

 

"Je me rappelle mon choc en découvrant sous mes pieds, sous mes yeux, un pan d’histoire immense dont personne ne m’avait rien dit."

L’aventure d’Alma est née l’année de mes treize ans quand je suis arrivé avec ma famille au pied de la forteresse d’Elmina, battue par les vagues, sur la côte du Ghana. Nous habitions en Afrique et nous avions profité des vacances d’octobre, à la petite saison des pluies, pour partir explorer cette côte. Pendant plusieurs jours, j’ai découvert ces forts posés au bord de la mer sur des centaines de kilomètres. Ils étaient à l’abandon, envahis par la végétation. À peine deux siècles plus tôt, des millions d’hommes, de femmes et d’enfants, capturés très loin de là dans les terres, avaient été parqués entre ces murailles puis transportés vers les navires négriers pour être réduits en esclavage de l’autre côté de l’océan. Le premier jour, je me suis promené dans le labyrinthe de la forteresse blanche d’Elmina. Je grimpais sur les canons rouillés. Je m’enfonçais dans les caves. Je me rappelle mon choc en découvrant sous mes pieds, sous mes yeux, un pan d’histoire immense dont personne ne m’avait rien dit.

 

"J’ai toujours été certain
que j’écrirais un jour

l’histoire d’Alma."

Alma a grandi en moi pendant les presque trente-cinq ans qui ont suivi, comme un territoire d’imaginaire, puis comme une obsession. Je n’ai jamais cessé de rêver ces vies arrachées à leur continent, à leur famille. Cela a nourri mes premiers romans, Tobie Lolness, Vango, Le Livre de Perle, qui sont tous construits sur ce thème du déracinement et de l’exil. Mes héros étaient chassés de l’arbre, chassés du bonheur, chassés des féeries ou de l’enfance. Mais j’ai toujours été certain que j’écrirais un jour l’histoire d’Alma. 

Pour raconter les douze millions de victimes de la traite atlantique et les premiers pas de l’abolition, je savais que je n’avais pas d’autres armes que les miennes : celles de l’écriture et du roman d’aventure. Je voulais mêler des univers proches des jeunes lecteurs (les pirates, les trésors, les grands navires…) aux mondes moins familiers que sont l’Afrique ancienne ou la barbarie de l’esclavage.

"Je rêvais d’aventure pure,de mystère, de souffle, de fantastique,
de tout ce qui fait une saga contemporaine,
mais au plus près de la réalité la plus documentée"

Je ne voulais écrire ni un mémorial, ni un livre pour les passionnés d’histoire et de goélettes. Je rêvais d’aventure pure, de mystère, de souffle, de fantastique, de tout ce qui fait une saga contemporaine, mais au plus près de la réalité la plus documentée. Je me suis donc plongé dans le travail des historiens, l’archéologie navale ou africaine, les témoignages, les journaux de bord des capitaines, et cette mémoire vivante qu’est la littérature des Caraïbes et de l’Amérique noire.

"Je ne m’étais jamais
senti aussi proche
d’un de mes personnage."

Pourtant, la seule vraie machine à remonter le temps, je l’ai trouvée dans ce qui est permanent, universel. Tout ce que les jeunes lecteurs d’aujourd’hui peuvent reconnaître dans leur propre vie : les sensations, l’envie de justice, la tendresse, le rire, la peur. Ils ne devaient sentir aucune distance avec le monde que je faisais revivre. Voilà pourquoi, pour la première fois, j’ai écrit cette histoire au présent de l’indicatif, le temps de l’immédiateté et de l’urgence. Peu à peu, en voulant décentrer mon imaginaire et celui des lecteurs, en croyant faire résonner des voix lointaines qu’on n’entend jamais, j’ai finalement trouvé la proximité, l’intime. Je ne m’étais jamais senti aussi proche d’un de mes personnages. Chaque jour, en me mettant au travail, j’étais cette héroïne de treize ans, Alma, dont l’histoire commence en 1786 au creux d’une vallée d’Afrique et qui, sur trois volumes d’aventures, allait m’emmener tout autour de l’Atlantique, entre les plantations des îles et de Louisiane, dans le Paris d’avant la Révolution, parmi les premiers abolitionnistes de Londres et Bristol, jusqu’au grand soulèvement de Saint-Domingue.

Timothée de Fombelle

Le livre

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