Rencontre avec Jean-Yves Loude

Quand avez-vous commencé à écrire ? Qu'est-ce qui vous a inspiré ?
J'ai commencé à écrire un journal pour lui confier mes révoltes, mon doute par rapport à la gestion de la terre et aux mensonges de l'Histoire comme, par exemple, les discours inventés pour justifier l'esclavage. Ensuite, je suis sorti de ma chambre d'adolescence pour vivre par moi-même l'expérience des ailleurs. Et, ne pouvant garder pour moi-même les sensations, les émotions, les savoirs que j'engrangeais, j'ai décidé de les partager en écrivant. Cette activité est vite devenue essentielle pour moi. J'étais nourri des récits d'aventuriers ou d'écrivains du lointain, comme Kipling, Jules Verne, Kessel, London... J'ai rêvé de me mettre un jour dans leurs traces, à mon rythme. Tintin n'est pas étranger à ce goût immodéré pour les enquêtes sur des secrets enfouis de la mémoire. La musique des Noirs américains aussi. 

Êtes-vous écrivain "à plein temps" ?
Je suis écrivain à plein temps. Depuis bientôt trente ans. Je voyage et j'écris. Ou j'écris pour voyager. J'écris des récits de voyages pour les adultes, surtout en Afrique. J'ai écrit des livres d'ethnologie sur le peuple Kalash du Pakistan avec lequel nous avons passé, Viviane et moi, plus de deux ans, appris la langue et la tradition. Et j'ai la joie d'écrire des romans pour la jeunesse qui me permettent de raconter la vie d'enfants vivant dans des conditions inimaginables pour les lecteurs de France. Il arrive parfois que l'action de mes récits se déroule dans mon pays. Dans ce cas, les héros appartiennent à des communautés étrangères qui se sont rapprochées de la nôtre. J'essaie de montrer la valeur de leur différence. 

Quel conseil donneriez-vous à un écrivain débutant ?
Passion, gourmandise, curiosité, exigence.
Écrire nécessite un effort comparable à celui que demande l'ascension d'un haut sommet. La réalisation est souvent douloureuse, comme une pente raide à gravir, mais l'accès à la cime apporte une sensation inégalable. Comme l'achèvement d'un livre.