Entretien

Publié le 11/10/2021

J.K. Rowling nous parle de Jack et la grande aventure du Cochon de Noël

Photo : Debra Hurford Brown © J.K. Rowling

1.Un grand nombre de classiques de la littérature jeunesse se déroulent au moment de Noël. Était-ce un élément important pour vous ?
J’ai toujours souhaité écrire un conte de Noël, donc ce livre est la concrétisation de cette envie ! Mais je voulais être sûre d’avoir la bonne histoire, et je l’ai enfin trouvée.

2. Si vous deviez décrire le personnage Jack en trois mots, que choisiriez-vous ? Et le Cochon de Noël ?
Jack est un garçon courageux, tendre et un peu perdu, même s’il apprend à mieux se connaître au fil de l’aventure. Et je dirais la même chose du Cochon de Noël.

3. Le processus d’écriture était-il différent de la série des Harry Potter ? Y a-t-il de la magie dans Jack et la grande aventure du Cochon de Noël ?
Je fais toujours un plan détaillé, aussi avant de commencer à écrire, je savais exactement ce qui allait se passer, où et comment. Il y a de la magie dans Jack et la grande aventure du Cochon de Noël, mais très différente de celle de Harry Potter. On entre dans un monde régi par des lois magiques et il y a de la magie dans l’air en cette veille de Noël, mais ni baguettes ni sorciers.  

4. Les illustrations de Jim Field correspondent-elles aux personnages et à l’univers tels que vous les imaginiez ?   
Les illustrations de Jim sont tout simplement parfaites. C’est à croire qu’il est entré dans ma tête et qu’il a dessiné ce qu’il y voyait ! Je suis restée sans voix lorsque j’ai découvert une des illustrations en particulier (je ne peux pas vous révéler laquelle sans trop en dire), parce que c’était exactement ainsi que je me représentais une de mes scènes préférées.
 
5. Comment avez-vous travaillé avec Jim ? Avez-vous apprécié cette collaboration ?
Jim et moi avons travaillé ensemble par l’intermédiaire de mon éditrice, Ruth, qui m’envoyait ses crayonnés et lui transmettait mes remarques. Comme il tombait souvent juste dès les premières esquisses, je n’avais pas grand-chose à dire, sinon que j’étais ravie ! J’ai vraiment aimé travailler avec lui. C’était l’illustrateur idéal pour ce roman.
 

 

 


6. Où avez-vous écrit l’histoire ?
Pour l’essentiel, je l’ai écrite dans ma « pièce d’écriture » dans le jardin, mais je me souviens avoir fait le plan du pays des Choses Perdues pendant des vacances en famille. Mes enfants jouaient sur la plage et moi, réfugiée sous un parasol, je dessinais des cartes et réfléchissais à la façon dont ce monde était organisé.
 
7. Jack et la grande aventure du Cochon de Noël a-t-il été écrit pour des enfants jeunes ?
Certains enfants pourront le lire seuls, bien sûr. J’aimerais beaucoup qu’il puisse susciter des discussions entre les plus jeunes et les adultes qui leur liront le livre à voix haute, sur le fait qu’on peut s’attacher très fort à un objet, ou que les changements et les pertes font partie de la vie, mais qu’il peut en sortir des choses merveilleuses, malgré tout.

8. Pouvez-vous nous dire ce qui vous a inspiré cette histoire ? Comment vous est venue l’idée de Jack et la grande aventure du Cochon de Noël ?
Même si c’est une histoire inventée, l’idée initiale vient d’une vraie peluche, ou plutôt de deux peluches. Quand mon fils David était petit, il ne pouvait aller se coucher sans sa peluche préférée, un petit cochon en tissu éponge garni de microbilles (mais dans la vraie vie, il ne s’appelait pas Lo Cochon, c’est moi qui lui ai donné ce nom). David avait la manie de le cacher dans les endroits les plus improbables, donc le coucher était retardé le temps qu’on retrouve le petit cochon. A un moment, j’ai eu peur qu’il le perde pour de bon et j’en ai acheté un deuxième au cas où. Un jour, alors qu’il avait trois ans, David a trouvé ce double par hasard en fouillant dans un placard. Il a décidé que c’était le frère du sien et l’a gardé aussi. Nous les avons encore tous les deux !
L’histoire m’a été inspirée par ma peur de voir David perdre son cochon adoré. J’en suis venue à me demander ce que ça faisait d’être un jouet de rechange, de savoir qu’on ne pourra jamais remplacer vraiment l’original, avec tous les souvenirs qui lui sont attachés. Peu à peu, le pays des Choses perdues a pris forme.
 
9. Perdez-vous vos affaires ? Quelle est la pire chose que vous ayez perdue ?
Je perds mes affaires tout le temps, c’est l’un de mes défauts qui m’agace le plus. La pire chose que j’aie perdu, c’est la bague de fiançailles de ma mère. Encore aujourd’hui, ça me rend triste d’y penser.

 

 

 

 

10. Comment fêtez-vous Noël dans votre famille ?
De façon très traditionnelle. Le père Noël nous écrivait chaque année une lettre nous remerciant pour le whisky et les carottes que nous avions laissées pour ses rennes, mais il a arrêté maintenant que mes deux plus jeunes ont seize et dix-huit ans.

11. L’espoir tient une place importante dans le livre. Quel est votre espoir pour l’année à venir ?
Que la pandémie prenne fin. Ça a été une période éprouvante pour tout le monde et j’espère vraiment que nous voyons la lumière au bout du tunnel.

12. Aviez-vous, vous aussi, une peluche adorée quand vous étiez enfant ?
Mon Lo Cochon à moi était un gros ours en peluche rose et blanc, aux yeux bleus, qui m’avait été offert par mes grands-parents. J’ai fini par l’appeler Henry, du nom d’un des trains de Thomas le petit train. Je l’ai toujours. Il est dégarni à certains endroits, parce que je tirais sur sa fourrure quand j’étais toute petite.

13. Pourquoi les objets-doudous sont importants pour les enfants (et les adultes) ?
Les psychologues les appellent les « objets transitionnels » - des objets qui remplacent les parents et réconfortent l’enfant quand il en a besoin. Mais c’est une façon clinique de voir les choses. Pour moi, ils recèlent une part de magie. Ils existent déjà quand on les reçoit, mais on les réinvente à notre image, on leur donne des traits de caractère, une personnalité idéalisée. On prend soin d’eux et ils prennent soin de nous. C’est cette relation spéciale que j’ai voulu explorer dans le livre.

14. Quel est votre personnage ou objet préféré au pays des Choses Perdues ?
Je dirais que mes personnages préférés, à part les deux cochons, sont Faux-Semblant, Boussole et Espérance. Mais en vrai, je les aime tous, même les méchants. Les personnages horribles sont toujours très drôles à inventer.

15. Si vous étiez coincés au pays des Choses Perdues, quel endroit choisiriez-vous ?
Même si elle est inquiétante à plus d’un titre, j’avoue que j’ai un faible pour la cité des Regrettés, à la fois pour sa beauté et pour l’étrangeté de certains des Objets qui y vivent. Cependant, si je devais rester quelque part, je choisirais sans hésiter l’île des Bien-Aimés.

16. Pourquoi n’y a-t-il pas de chaussettes au Pays des Choses Perdues ?
Très, très bonne question. Il aurait dû y en avoir au moins une ! Peut-être suis-je tellement habituée à les perdre que j’ai fini par penser qu’on les achète dépareillées.