Chronique

Publié le 18/03/2021

Un livre à mettre entre les mains de chaque adolescent en 2021 !

De l'importance de savoir rebondir -  Laura Zimmermann

En un mot ? Waouh. S’il y a un livre à mettre entre les mains de chaque adolescent en 2021, c’est bien celui-ci. De l’importance de savoir rebondir, c’est un roman décomplexé et juste, qui se lit d’une traite et porte des valeurs puissantes. Une bonne dose de féminisme, deux cuillères à soupe de solidarité, une louche d’acceptation de soi et quelques morceaux (bien croquants) d’auto-dérision, voilà la recette magique de ce concentré de good vibes. À dévorer sans retenue, évidemment.

« À vue de nez, je dirais que je fais du H. Du 85H, avec un H, comme pour « Help ». »

Du haut de ses 16 ans, Greer se définit elle-même comme une intello de service qui a toujours les bras croisés sur sa poitrine. Au lycée, elle brille par sa moyenne générale et sa volonté de passer inaperçue. Son arme secrète pour se fondre dans la masse ? Un sweat XXL bien trop grand pour elle sous lequel elle planque Marthe et Maïté, ses seins, beaucoup trop encombrants à son goût.

« Marthe et Maïté, ce sont des noms balourds et récalcitrants qui conviennent à merveille à mes balourds récalcitrants de seins. Des noms flasques, pâlots et pendouillants. »

En plus d’attirer les regards et les remarques déplacées de certains de ses camarades, les seins de Greer lui en font baver au quotidien. S’habiller, se baisser, courir, écumer les rayons lingerie dans l’espoir de trouver un soutien-gorge capable de soutenir sa poitrine : autant d’actes anodins qui relèvent de l’exploit pour Greer. C’est un sujet tabou dont elle refuse de parler – avec ses parents comme avec Maggie, sa meilleure amie grande gueule aux opinions bien tranchées, militante de tous les instants en faveur du féminisme et d’un tas d’autres causes qu’elle défend bec et ongle.

« Maintenant, Marthe et Maïté occupent entre vingt-cinq et cent pour cent de mon temps de cerveau disponible. Je pense à leur poids. À leur apparence. Je me demande si les gens ne voient que ça. »

Bref, intérieurement, Greer est révoltée. Extérieurement, elle essaye de se faire la plus discrète possible. Sauf, peut-être, avec le nouveau : Jackson, fraîchement installé en ville après un énième déménagement. Jackson, c’est le genre de mec sincère, détendu, franc, à l’aise et qui possède le don de vous mettre en confiance. Forcément, dès qu’elle pense à lui, Greer sent des papillons au creux de son ventre. Enfin, jusqu’à ce Marthe et Maïté lui reviennent à l’esprit, ravivant le mal-être qu’elle traîne comme un poids mort.

« Je n’ai pas envie de me baigner parce que j’aurais beau marcher à tout petits pas, mes seins trembloteraient néanmoins façon Godzilla dans un magasin de porcelaine. »

Et pourtant, Greer a fait une promesse à Jackson : faire de son mieux pour intégrer l’équipe de volley du lycée. En dépit de son encombrante poitrine et de sa peur panique de s’exposer au regard des autres. Parce qu’elle le sent, elle est douée. Sur le terrain, la trajectoire du ballon lui semble une évidence. Alors elle va oser. Enfin, elle va essayer. À condition de trouver une solution pour apprivoiser Marthe et Maïté et, petit à petit, sortir de la chrysalide qu’elle a bâtie autour d’elle-même.

« La vie, c’est comme un match de volley. Faut faire comme la balle : savoir rebondir. »

Avec De l’importance de savoir rebondir,  Laura Zimmermann tape dans le mille en s’attaquant à une période de notre vie où l’on se découvre, presque tous, des complexes. À travers Greer et dans une ambiance de sororité qui nous donne envie de lever le poing en l’air, elle dépeint un cheminement propre à chaque adolescent : entre franchise, auto-dérision et doute. On le dévore en un clin d’œil et il nous fait rire autant qu’il nous aide à prendre confiance en nous : préparez-vous, cette lecture est un pur régal !

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